Fistule obstétricale : un fléau qui isole
Quand les retards de consultation amplifient le drame
Chaque année, au Mali, environ 3 000 femmes développent des fistules obstétricales, une condition dévastatrice résultant de complications lors d’accouchements prolongés et non assistés. Majoritairement, ces femmes sont jeunes, pauvres, et vivent en zones rurales, où l’accès aux soins de santé est limité.
La fistule entraîne des conséquences sociales et économiques graves, isolant les victimes de leurs familles et communautés. La prévention et une meilleure prise en charge médicale sont essentielles pour réduire cette souffrance. Des efforts accrus sont nécessaires pour éduquer et autonomiser les femmes, et pour améliorer l’accès aux soins obstétricaux dans les régions reculées du pays. Selon les Nations Unies, chaque année, entre 50 000 et 100 000 nouvelles fistules obstétricales se développent dans le monde, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie. L’UNFPA estime qu’au Mali, environ 3 000 nouvelles fistules obstétricales surviennent annuellement, touchant particulièrement les jeunes femmes vivant en milieu rural.
Causes profondes
La fistule obstétricale survient lors d’accouchements longs et difficiles, souvent sans assistance médicale. Cette condition, bien que largement évitable, touche principalement les jeunes femmes pauvres et analphabètes vivant dans des zones rurales. Elle reflète les inégalités de genre qui marquent la vie sexuelle et reproductive des femmes. Le professeur Mahamadou Diakité souligne : « La fistule obstétricale est une lésion liée à l’accouchement, largement négligée malgré son impact sur la vie des filles et des femmes touchées. » L’absence de soins obstétricaux de qualité et l’accès limité aux césariennes d’urgence sont des causes principales. La pauvreté, la malnutrition, et les pratiques traditionnelles aggravent ce problème.
Impact sur les adolescentes
Les adolescentes sont particulièrement à risque. Leur corps, encore en développement, accroît le risque de complications lors de l’accouchement. Le mariage précoce et la grossesse avant la maturité physique augmentent ces risques. Prévenir les grossesses d’adolescentes en élargissant l’accès à l’information et aux services, et en mettant fin aux mariages d’enfants, réduit la morbidité liée à la grossesse.
Conséquences sociales et économiques
Les conséquences de la fistule sont multiples. Socialement, les femmes sont souvent rejetées par leur mari, leur famille et la communauté en raison de l’odeur constante due aux fuites d’urine et de matières fécales.
Témoignages bouleversants
Mme Tall Rokia Diallo témoigne : « Mon accouchement n’a rien donné de bon. J’ai perdu mon enfant et contracté cette maladie. Depuis, je ne connais plus le bonheur dans mon foyer. Mon mari ne me laisse plus préparer le repas, ma belle-famille me parle à peine, et tout le monde se méfie de moi. » Son témoignage révèle la double peine subie par ces femmes : la perte de leur enfant et l’isolement social dû à l’incontinence chronique.
Mme Tall Kadiatou Konaté partage une expérience similaire : « La fistule obstétricale a détruit ma vie. Je ne peux plus paraître dans le quartier, je me sens seule et abandonnée. Mon mari m’a rejetée, affirmant qu’il n’avait pas les moyens de payer pour mon traitement. » la situation est tout aussi grave. Incapables de travailler, ces femmes perdent leur autonomie financière. La prise en charge médicale, nécessitant souvent plusieurs interventions chirurgicales, est coûteuse et hors de portée pour beaucoup.
Le Dr Sidi Sissoko explique : « La fistule obstétricale est un problème de santé La prévention de la fistule obstétricale publique au Mali. Aujourd’hui, d’énormes efforts sont Améliorer l’accès aux soins prénatals et consentis pour y faire face, mais obstétriques est crucial. Beaucoup de femmes souffrent encore en silence, Surtout dans les zones reculées où le diagnostic est souvent tardif ». Quand l’accouchement n’est pas fait dans de bonnes conditions, des complications chirurgicales peuvent provoquer la fistule chez beaucoup de femmes.
Solutions et prévention
Chaque femme doit avoir accès à un personnel qualifié lors de l’accouchement, y compris des sages-femmes bien formées et des interventions d’urgence efficaces. À long terme, il est essentiel de lutter contre les inégalités sociales et économiques qui sous-tendent ce problème. Éduquer et autonomiser les femmes et les filles, retarder les mariages précoces et les premières grossesses, et garantir un accès équitable aux soins de santé sont des mesures indispensables.
Le professeur Seydou Fané, gynécologue obstétricien, précise : « La fistule est provoquée par des accouchements difficiles, appelés accouchements dystociques. La sensibilisation et la prévention, ainsi que la prise en charge adéquate des malades dans des unités de soins spécialisées, peuvent éliminer cette maladie. » La fistule obstétricale, bien que largement évitable, continue de détruire des vies à cause des inégalités de genre et des insuffisances des systèmes de santé. En mettant en œuvre des interventions préventives et en assurant une prise en charge médicale adéquate, nous pouvons non seulement soulager la souffrance de nombreuses femmes, mais aussi progresser vers une société plus équitable et juste.
L’élimination de cette maladie passe par des efforts concertés pour améliorer l’accès aux soins de santé, éduquer les communautés, et autonomiser les femmes. En investissant dans la santé sexuelle et reproductive et en affrontant les inégalités sociales, nous pouvons prévenir ce drame et offrir à chaque femme la chance de mener une vie saine et digne.
Fatoumata DEMBELE (Stagiaire)