Épilepsie au Mali: 49% de la population attribuent des origines surnaturelles à la maladie
Le monde entier célèbre, ce lundi 10 février, la Journée internationale de l’épilepsie. Consacrée depuis 2015, la journée a pour but de promouvoir les droits des malades épileptiques et de sensibiliser la population. La journée a tout son sens au Mali où, selon une étude, les malades sont encore victimes de croyances erronées.
L’épilepsie est une maladie chronique caractérisée par la survenue des crises dites «épileptiques». Une équipe de chercheurs maliens dont le Pr Youssoufa Maïga, actuellement, Chef de Service neurologie du CHU Gabriel Touré, a mené une étude afin d’évaluer les connaissances et attitudes des personnes face à cette pathologie. Intitulée «Connaissances et attitudes des parents sur l’épilepsie au Mali», l’étude a été publiée dans la Revue Mali Médical 2011.
Un échantillon de 423 adultes dont 15% avaient des enfants épileptiques a été interrogé au cours de l’étude. Les informations ont été recueillies à l’aide d’une fiche d’enquête. Le questionnaire comportait deux parties : une relative aux données sociodémographiques et l’autre aux connaissances et aux attitudes des personnes interrogées. Les résultats sont édifiants.
Seules 2% des personnes interrogées avaient pensé amener le malade dans un hôpital
Il ressort que 49% des personnes interrogées accordaient exclusivement des origines surnaturelles à la maladie, soit une personne sur deux. Aussi, 40,6% des sujets pensaient que l’évolution de l’épilepsie conduisait à la folie. Maladie génétique ou due à une lésion cérébrale acquise, par exemple suite à un traumatisme ou à un accident vasculaire cérébral, 59% des personnes interrogées dans l’étude étaient cependant convaincues que la maladie est «contagieuse». 31% estimaient que l’épilepsie est une maladie incurable.
«La perception, les croyances, les appréhensions varient d’un pays à l’autre. Ces idées peuvent influencer les stratégies individuelles et collectives face aux possibilités des soins», explique Professeur Youssoufa Maïga. Appelée «Kirikiri masien» en bamabra, l’épilepsie est vie de stéréotypes. Ainsi même 78% des sujets de l’étude avaient assisté au moins à une crise épileptique, 33% avaient eu un réflexe de premier secours et seulement 22% avait pensé à verser de l’eau fraîche sur le visage du patient. Pis, seules 2% des personnes interrogées avaient pensé amener le malade dans un hôpital.
Aux dires des chercheurs, la «méconnaissance des causes et des possibilités de traitement de l’épilepsie sont à l’origine de la marginalisation des personnes atteintes». Le traitement médical de l’épilepsie au Mali, révèle l’étude, est confronté à des différents obstacles. Il s’agit entre autres: de la perception culturelle de la maladie, du manque de priorité accordé à l’épilepsie par les autorités sanitaires, des carences de l’infrastructure et de l’irrégularité de l’approvisionnement en médicaments. Des faits qui, déplorent les chercheurs, compromettent la prise en charge des patients épileptiques.
Légende photo à la Une: (Photo d’illustration) Daniel Ojok (9 ans), un orphelin atteint du syndrome du hochement de tête et souffrant d’épilepsie, provoque une voisine. Il peut être agressif, conséquence de sa maladie. Crédit image: Frederic Noy/Panos Pictures.
Attention: La reprise de cet article, même partielle, sans l’autorisation écrite du JSTM est passible de poursuite judiciaire.
Mariama Diallo | JSTM.ORG