Epidémie de Crimée-Congo au Mali, 8 décès : La propagation de l’infection stoppée avec succès
Pendant que le monde entier se mobilise contre le Covid-19, une autre épidémie dite «Crimée Congo» surgit au Mali, le 5 janvier dernier, dans la région de Mopti, faisant au total 8 décès. Dr Dramane Samaké, infectiologue et Chef de service médecine de l’hôpital de Mopti a expliqué à JSTM que les rescapés ont tous recouvré la santé.
« On a pu circonscrire l’épidémie et éviter la propagation nosocomiale », se réjouit l’infectiologue Dramane Samaké, le médecin qui était en contact direct avec les personnes infectées dans l’aire sanitaire de Korientzé. Toutefois, « dans ces conditions d’insécurité, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle situation similaire, que ce soient la Crimée-Congo ou tous autres types de fièvres hémorragiques virales », ajoute le médecin.
Ils ont presque tous soufferts de diarrhée sanglante avant de mourir. C’est par exemple le cas d’une patiente décédée le 15 janvier 2020, une semaine après avoir eu un contact permanent avec son neveu berger, lui aussi décédé. La tante du jeune berger a présenté avant sa mort des maux de tête, des vomissements sanglants, une diarrhée sanglante, un saignement vaginal, l’asthénie et une fièvre à 39 degrés Celsius. Ce sont là, en effet, quelques signes de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo qui a causé la mort de neuf (08) personnes et a fait 15 cas confirmés dans l’aire sanitaire de Korientzé.
Aux dires du Dr Dramane Samaké, 18 personnes manifestaient les signes de Crimée-Congo, mais après les tests, 3 se sont révélés négatifs.
Si le virus a été identifié chez des tiques pour la première fois en 2011 au Mali. Il n’a pas, à l’époque, fait de victime chez les humains. C’est en 2017, qu’un diagnostic par PCR a confirmé l’infection chez 2 enfants de 1 et 2 ans. Puis, en 2020, le virus réapparait à Kéra, un petit village situé à environ 2 km de Korientzé dans la région de Mopti, une zone occupée par des groupes djihadistes. Cette fois, il tue dans ce village, cinq membres d’une même famille et quatre autres personnes.
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une maladie nosocomiale. «Ce qui veut dire que la transmission en milieu d’hospitalisation est bien possible et rapide lorsqu’on ne prend pas les précautions nécessaires», explique Dr Garan Dabo, Médecin infectiologue à l’hôpital du Mali. Immédiatement informé du décès des premiers cas dans le village de Kéra, le ministère de la Santé a envoyé une équipe d’investigation à Mopti.
Retour satisfaisant de l’équipe d’investigation
«C’est une pathologie rare au Mali…», assure le ministre de la Santé, Michel Sidibé qui a conduit l’équipe d’investigation, composée de biologistes, d’infectiologues, de spécialistes en gastroentérologie, etc. Selon Pr Ousmane Koïta, Parasitologue et Biologiste moléculaire, membre de l’équipe d’investigation, «les échantillons prélevés sur des patients venus de villages différents ont permis de confirmer la présence du virus dans un seul foyer. Ce qui a facilité la prise en charge des malades.» Aujourd’hui, les populations de la région de Mopti ne doivent plus s’inquiéter, car l’épidémie a été maîtrisée. « Tous les 7 malades qui étaient en observation pour lesquels, nous attendions les résultats des dernières analyses, ont été libérés », précise Dr Dramane Samaké.
Toutefois, d’autres analyses sont en cours à l’Institut national de Santé publique (INSP) afin de spécifier le type de transmission auquel on fait face. « Les résultats vont permettre de savoir s’il faut faire appel aux vétérinaires pour exterminer les tiques et éliminer le foyer ou trouver des moyens pour gérer les symptômes chez l’homme», explique Pr Ousmane Koïta.
Quel traitement pour les malades ?
Pour l’instant le traitement est symptomatique. «Il n’existe aucun vaccin contre cette fièvre hémorragique arbovirale dont le taux de létalité est compris entre 10 et 40% », expose Dr Garan Dabo. Mais toutes les fois, ajoute Dr Dabo, que la Ribavirine a été donnée aux malades, il y a eu de «très bons résultats.»
Cependant, une étude scientifique devrait être menée afin de faire ressortir des données d’essai clinique qui approuvent l’efficacité du traitement.
Mardochée BOLI| JSTM.ORG