Science et Société

En Guinée, des relais communautaires luttent contre une épidémie de diphtérie

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Depuis juillet 2023, la Guinée est confrontée à une épidémie de diphtérie qui sévit principalement dans la région de Kankan, notamment à Siguiri, une zone aurifère du centre-est du pays.

Cette région regroupe plus de 96 % des cas recensés, en raison des mouvements constants de milliers de mineurs et de leurs familles.

À ce jour, 6502 cas ont été signalés dans les centres de traitement. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en collaboration avec le Ministère de la Santé Guinée a rapidement mis en place un Centre de traitement épidémiologique (CT-Epi) à Siguiri pour prendre en charge les patients.

Mohamed Fofana, un taxi-moto local hospitalisé à ce centre, témoigne de la gravité de la situation.

« Une jeune fille est arrivée dans un état critique et est décédée parce que ses parents avaient tardé à l’emmener. Des rumeurs effrayantes dissuadent encore beaucoup de gens de se faire soigner ou vacciner », explique-t-il.

La diphtérie est une maladie potentiellement mortelle, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 40 % en l’absence de traitement adéquat.

L’épidémie est exacerbée par des conditions de vie précaires, une population dense et mobile et un taux de couverture vaccinale insuffisant.

En effet, en 2022, seulement 47 % des enfants guinéens étaient vaccinés contre la diphtérie, bien en deçà des 80 % requis pour atteindre une immunité collective.

Le Dr Cheick Oumar Konaté, Directeur de la Santé de Siguiri, souligne la difficulté de contrôler l’épidémie dans une région où les communautés se déplacent fréquemment pour suivre les exploitations minières.

Pour contrer ce défi, l’OMS et les autorités locales ont mis en place des campagnes de vaccination avancées et formé des agents de santé et des relais communautaires pour sensibiliser la population et traquer les cas potentiels.

Les relais communautaires jouent un rôle clé dans cette lutte, en éduquant les populations sur l’importance de la vaccination et en repérant les symptômes de la diphtérie, souvent confondus avec d’autres maladies bénignes.

« Quand mon fils est tombé malade, ma femme a d’abord essayé des remèdes traditionnels. C’est grâce aux relais communautaires qu’il a finalement reçu un traitement au CT-Epi », témoigne Abdoulaye Dansoko, un habitant de Kourémalé.

Grâce aux efforts conjoints de l’OMS, du gouvernement et des relais communautaires, le taux de létalité de la diphtérie a considérablement diminué, passant de 36 % en juillet 2023 à 2,83 % en juillet 2024.

« La prise en charge rapide des cas a permis de sauver de nombreuses vies », affirme le Dr Chérif Ibrahima Sory, épidémiologiste de l’OMS.

Aujourd’hui, dans les centres de traitement, le taux de guérison dépasse 97 %.

Pour Mohamed Fofana, cette expérience a changé sa vision « La diphtérie est une maladie grave. Refuser la vaccination, c’est mettre sa propre vie et celle des autres en danger. Je suis désormais un fervent défenseur de la vaccination. », a-t-il lancé

Mohamed Compaoré avec l’OMS

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