Elevage au Mali: Une étude révèle le comportement sexuel des camélidés
L’élevage du dromadaire se pratique surtout dans les zones arides au nord du Mali. Avec les sécheresses répétées, le dromadaire a montré son importance dans l’économie nationale et surtout pour la subsistance des ménages dans les zones arides. Malheureusement, on constate la faible reproductivité de l’espèce. Le vétérinaire doctorant Amene dit Moussa Dolo a donc présenté une thèse sur le «Profil hormonal et comportements des femelles dromadaires pendant le cycle œstral en zone sahélienne du Mali».
Du grec dromas (coureur), le dromadaire est une espèce de chameau, mammifère artiodactyle de la famille des camélidés. Cet herbivore a une espérance de vie moyenne de 25 ans, pour un poids pouvant atteindre 1 100 kg. Environ un million de camelins étaient répartis dans le Mali, à l’exception de la région de Sikasso et le district de Bamako (DNPIA, rapport annuel 2016). Les périodes de chaleurs (période du cycle sexuel propice à la reproduction) s’étendent des périodes où le disponible alimentaire est abondant en milieu rural (juin à octobre). Mais ce cycle s’étale sur toute l’année si l’alimentation de qualité est disponible.
Les deux objectifs spécifiques de l’étude présentée, en mai 2016, par Amene dit Moussa Dolo, étudiant de l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaire (E.I.S.M.V.) de Dakar étaient: déterminer les fluctuations hormonales des femelles au cours du cycle œstral et décrire le comportement sexuel des dromadaires femelles en chaleurs. Le présent article décrit le comportement des dromadaires en période de chaleurs (femelle) et de rut (mâle)
C’est en zone sahélienne, dans la Station de Recherche Agronomique de Niono de l’Institut d’Economie Rurale que l’étudiant a mené sa recherche. Sur une période de 55 jours, il a collecté des données de terrain sur 36 dromadaires. Le poids moyen des femelles observées était de 355,5 kg pour un âge entre 4, 5 et 6 ans. Au cours de l’étude, 260 échantillons de sérum ont été prélevés et analysés avec la méthode Élisa Sandwich.
Les observations ont permis au chercheur de comprendre le comportement de la femelle quand elle est en chaleurs. Elle tourne autour du mâle dominant pour augmenter sa chance d’être saillie. En plus, la femelle en chaleurs a un appétit réduit, elle devient agitée, poursuit ou est poursuivie par le mâle dominant. Les modifications physiologiques observées ont été la miction fréquente de la femelle que le mâle dominant flaire, l’émission d’un gémissement saccadé lors du coït, quelque fois une légère salivation. Le mâle dominant blatère, ce qui attire la femelle en chaleurs. Il est fréquent de voir plusieurs femelles entourer le mâle ou courir derrière celui-ci, si elles sont toutes en chaleurs à la même période. Dans ce cas, c’est celle qui a le plus de chance de concevoir et qui extériorise ses chaleurs qui est saillie.
«L’étude a permis de poser les bases des études sur l’amélioration de la reproduction chez les camélidés au Mali», indique Dr Dolo, contacté par JSTM. En perspectives, conseille le chercheur, il serait nécessaire d’aborder des études sur la maîtrise de la reproduction chez les dromadaires pour une mise en place d’un programme national d’insémination artificielle au Mali. L’avantage de cette technologie est de mieux maitriser le cycle sexuel, de faciliter la sélection selon la production visée, et de rapprocher les naissances tout en maitrisant tous les problèmes liés à la santé animale.
Korotoumou Coulibaly | JSTM.ORG
Légende photo à la UNE: Chamelon tétant sa mère. © Garrondo, Wikipédia, cc by sa 3.0
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