Dr Ibrahim TOGOLA: «La lourdeur administrative constitue le principal frein à l’essor des énergies renouvelables au Mali»
Ibrahim TOGOLA est président de l’ONG Mali Folkecenter et vice-président de la World Wind Energy Association/Association Mondiale pour l’Energie Eolienne (WWEA). Le ‘’Monsieur Vert’’ du Mali a répondu aux questions du journal Scientifique et Technique du Mali (JSTM). En marge de la 2ème Conférence Mondiale sur l’Energie Communautaire (WCPC2018) qui a lieu à Bamako (du 8 au 10 Novembre).
Quelle est la part des énergies renouvelables dans la couverture énergétique du Mali ?
Avec l’hydraulique on est à 40 %. Mais sans l’hydraulique que tous ne considère pas comme étant de l’énergie renouvelable on est à moins de 10%. Il faut savoir qu’outre l’hydraulique, le solaire constitue la source essentielle d’énergie renouvelable dans notre pays. Mais son développement est embryonnaire. Cependant, il y a des grands projets de centrales solaires notamment à Ségou (33 MW) ou encore à Kita (50 MW).
Malgré un ensoleillement assez élevé, le Mali peine à faire sa transition énergétique. Est-ce parce que l’écologie est un handicap à l’épanouissement de l’économie nationale ?
C’est tout à fait le contraire. Aujourd’hui, le pays qui ne fait pas les énergies renouvelables va le regretter parce qu’il va payer de l’énergie propre avec les autres. Autour du Mali, tous les pays se mettent aux énergies renouvelables, aussi bien le Sénégal que le Burkina ou encore le Nigéria, où on développe un projet solaire de 1000 MW. On ne peut développer aujourd’hui un pays en évitant les énergies renouvelables. Elles sont moins chères et elles sont efficaces contre le réchauffement climatique.
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Une centrale thermique a été inaugurée, en grande pompe, le 31 octobre dernier à Kayes par le président de la République. Que pensez-vous de cette centrale qui fonctionne au diesel ?
Je préfère ne pas porter de jugement sur les investissements. Dans un pays comme le Mali où les besoins énergétiques sont énormes on n’a pas trop le choix. Cependant, à l’heure du solaire, on doit avoir une vision stratégique en matière d’énergies renouvelables. La Centrale de Kayes, construite par Albatros Energy est une belle réussite de Partenariat Public Privé (PPP) et je félicite le promoteur pour cette belle initiative. Dans cette centrale, il est possible de faire du solaire jusqu’à 200 MW. Il s’agit de faire un champ de panneaux photovoltaïques autour de la centrale. A la longue, on peut en faire une centrale totalement verte en abandonnant le gasoil utilisé aujourd’hui.
Vous êtes un militant pour la cause environnementale et un entrepreneur dans le domaine des énergies vertes. Quel est, selon vous, le principal frein à l’essor des énergies renouvelables au Mali ?
La lourdeur administrative constitue le principal frein à l’essor des énergies renouvelables au Mali. La bureaucratie est trop lourde. On peut passer deux ans à monter un projet à cause de la lourdeur administrative. Les investisseurs ont l’argent, le Mali a besoin d’énergies, si on arrive à accélérer les choses on aura rendu un grand service aux Mali. On a besoin de créer d’autres agences, il faut revoir la législation.
Propos recueillis par @mamadou_togola
C’est tristement vrai et cela perdure et je me demande quand est-ce qu’on verra le bout du tunnel; des projets entiers ont souffert de leur acceptation et mise en oeuvre à cause de cette situation, quoique porteurs d’emplois et d’investissements et donc de lutte contre la pauvreté dans un pays comme le nôtre. Bather KONE