Science et Société

Comment fonctionne l’orgasme et pourquoi est-il aussi plaisant ?

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D’où vient le fait que l’orgasme soit si agréable ? Afin d’inciter l’espèce à se reproduire, répondrait-on. Mais d’un point de vue physiologique, que se passe-t-il ? De nombreux travaux ont été dédiés à l’étude du phénomène. Et bien que de multiples zones d’ombre persistent, les récentes avancées effectuées dans le cadre des neurosciences permettent d’y voir plus clair.

Si la jouissance rencontrée durant l’orgasme présente un intérêt évolutionnel évident, l’origine même du phénomène reste assez obscure. Cependant, les récents progrès en neurosciences ont permis de mettre en lumière certains mécanismes clés. Les avancées sur la question ont été condensées dans une étude de synthèse publiée en 2016 dans la revue Socioaffective Neuroscience & Psychology.

Rythmes et synchronisation des ondes cérébrales

Dans le modèle neurophénoménologique présenté dans le papier, l’orgasme apparaît comme un état de conscience altérée issu de la stimulation rythmique des zones érogènes. Plus précisément, cette stimulation induit une synchronisation des ondes cérébrales. D’abord limitée à quelques réseaux neuronaux primaires, elle s’étend progressivement à l’ensemble du cerveau. On parle aussi d’entrainement neuronal.

Elle concrétise en fait la mise en place d’un processus de focalisation sensorielle. Lorsqu’elle atteint une intensité telle que la conscience de soi et de son environnement est dépassée, le sujet entre dans un état de transe. C’est l’orgasme. Dans cette ascension vers le septième ciel, la rythmique des stimulations joue un rôle majeur.

« La synchronisation est importante pour la propagation du signal dans le cerveau, car les neurones sont plus susceptibles de s’activer s’ils sont stimulés plusieurs fois dans une fenêtre de temps étroite » explique Adam Safron, auteur de l’étude. « Sinon, les signaux s’évanouissent dans le cadre d’un mécanisme général de réinitialisation, plutôt que de s’amplifier les uns les autres ».

Orgasme sexe
La physiologie de l’orgasme reste encore assez mystérieuse. Crédits : Pixabay. 

Contrairement à une idée commune, les substances telles que la dopamine ou les endorphines ne sont pas la cause de l’orgasme, bien qu’elles soient libérées au cours de celui-ci. Par exemple, la dopamine joue un rôle-clé dans le circuit de la récompense. Un réflexe qui incite à reproduire toute expérience procurant un plaisir notoire.

Enfin, notons que s’il est possible d’objectiver les mécanismes menant à l’orgasme, son ressenti reste subjectif. À l’image de notre vision du monde et ses couleurs, lesquelles n’ont pas d’existence propre. Ce qui existe, ce sont des ondes électromagnétiques de différentes fréquences. Pour l’orgasme, c’est pareil. Objectivement, il s’agirait d’une synchronisation généralisée des ondes cérébrales à une fréquence particulière.

Changer la façon de percevoir l’orgasme

Présenté de manière un peu désenchantée, l’orgasme n’est finalement qu’une sorte de court-circuit cérébral. À l’image des crises d’épilepsie, la perte de contrôle en est une caractéristique notable. On retrouve d’ailleurs un parallèle fréquent entre les deux dans la littérature spécialisée.

« L’idée que les expériences sexuelles peuvent être analogues à des états de transe est à certains égards ancienne. Il s’avère que cette idée est soutenue par la compréhension moderne des neurosciences » précise Adam Safron. « En théorie, cela pourrait changer la façon dont les gens perçoivent leur sexualité ».

Au vu de ce qui a été exposé précédemment, on comprend mieux pourquoi en situation de stress ou d’inconfort psychologique, des difficultés à atteindre l’orgasme peuvent être rencontrées. On l’a vu, ce dernier est un état de conscience altérée résultant d’une focalisation sensorielle. En d’autres termes, un lâcher-prise. Or, parfois, lorsque des pensées parasites apparaissent, le sujet garde un pied à terre et un niveau de conscience trop élevé pour que l’orgasme se déclenche.

« [Cela] peut servir de mécanisme assurant un choix adaptatif du partenaire » lit-on dans le résumé de l’étude. Ainsi, les travaux décrits pourront servir à mieux accompagner et aider les personnes souffrant de troubles sexuels.

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