APPEL A PROPOSITIONS : Politique sociale genrée et transformatrice en Afrique
L’Institut des Etudes Africaines (IAS) de l’Université du Ghana, avec le soutien financier de Open Society Institutes of Africa, lance un appel à propositions pour la recherche multi-pays pour étudier les trajectoires, les processus et les résultats de l’élaboration des politiques sociales en Afrique depuis la période coloniale.
Au fil des années, les politiques sociales ont souvent été reléguées à une catégorie résiduelle dans l’élaboration des politiques. Toutefois, l’expérience récente de la COVID-19 montre que les interventions stratégiques en période de crise reposent habituellement sur des politiques sociales pour améliorer la condition humaine.
La COVID-19 a montré que, bien que les crises mondiales à plusieurs niveaux touchent tous ceux qui vivent sur la planète, les réponses et les impacts sont très différenciés et exacerbent les inégalités entre les sexes, les classes sociales et les inégalités spatiales. Partout en Afrique, les travailleurs des zones rurales et urbaines qui occupent des emplois précaires sont confrontés à des défis existentiels en raison de la contraction des économies et des limites liées aux réponses des états. Ces défis sont sexospécifiques. Des mesures telles que le confinement et la fermeture des lieux de travail, des établissements d’enseignement et des lieux de loisirs et d’engagement social ont souligné l’importance des activités de reproduction.
La situation liée à la COVID-19 a aussi considérablement souligné l’écart salarial entre les sexes, la segmentation du travail rémunéré selon le sexe et le fardeau du travail de reproduction et de soins pour les femmes. Il y a aussi de nouvelles preuves d’une augmentation importante de la violence fondée sur le sexe. En outre, les inégalités de genre, de classe et d’espace dans l’accès à l’éducation se sont mis en évidence de plusieurs façons, y compris sous forme de menace d’une augmentation des taux d’attrition dans l’éducation. En ce qui concerne la santé, il y a des risques que les dépenses consacrées à la santé reproductive et à d’autres problèmes de santé publique soient sacrifiées aux dépenses liées à la COVID-19. Un tel changement d’orientation pourrait avoir des répercussions négatives sur la mortalité et la morbidité des mères et des moins de cinq ans. Cela pourrait aussi entraîner une augmentation du fardeau lié aux soins rémunérés et non rémunérés fournis par les femmes aux malades en tant qu’agents de santé de première ligne et dans leur propre ménage.
Les réponses aux effets socio-économiques de la COVID-19 de la part des institutions étatiques – telles que les subventions d’eau et d’électricité pour les ménages pauvres, le soutien aux entreprises et le renforcement des programmes de protection sociale ciblant les pauvres – ont exposé les possibilités et les limites de la politique sociale telle qu’elle est actuellement formulée et conduite. Au fil des années, les spécialistes du développement social se sont surtout intéressés aux programmes de protection sociale ou aux secteurs tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, l’emploi et le logement. Une grande partie de la discussion a porté sur les questions d’accès et de qualité. Encore peu d’études de ce genre adoptent une perspective d’équité entre les sexes et presque aucune ne s’intéresse aux dimensions de politique économique du développement social. Tout-ci, couplé à une pénurie d’expertise en politique sociale en Afrique, crée un besoin impérieux de repenser la politique sociale et de construire des groupes d’appui qui travaillent pour le changement dans les philosophies et les approches de la politique sociale.
C’est dans ce contexte que cet appel s’intéresse à la compréhension des propositions de cadrage et de valeur qui sous-tendent la politique sociale; des hypothèses sur le rôle de l’état, des marchés et de la société (la famille et la communauté); de l’interface entre les politiques sociales et économiques; et les résultats de développement socio-économique de la politique sociale, en particulier en termes de genre, de classe et d’inégalités spatiales. Le projet espère construire, à partir des résultats de cette recherche initiale, un réseau et un programme de et des groupes d’appui en vue de la réalisation d’un programme de politique sociale transformatrice et équitable en matière de genre pour le développement de l’Afrique.
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