Amadou Koné, chercheur à l’UCRC: «Les tests de Covid-19 effectués au Mali sont homologués par l’OMS»
La pandémie de Covid-19 progresse au Mali, avec 41 cas confirmés, ce samedi 04 avril. La pandémie enregistre aussi son lot quotidien de fausses informations. A l’avant-garde du combat contre la maladie, les responsables du Centre Universitaire de Recherche Clinique (UCRC) ont ouvert les portes de leur établissement au Journal Scientifique et Technique du Mali.
En moyenne 40 échantillons de Covid 19 sont testés par jour à l’UCRC. Pourtant, assure le professeur Seydou Doumbia, Directeur de l’UCRC et Doyen de la Faculté de médecine et d’Odontostomatologie (FMOS), le centre n’est pas encore à la limite de ses capacités. «Quotidiennement, l’UCRC est à mesure de réaliser jusqu’à 160 tests», affirme le chercheur. Selon le Prof Doumbia, UCRC-Mali est l’un des trois centres de recherche financé par le National Institutes of Health, avec l’Afrique du Sud et l’Ouganda. «Nos chercheurs travaillent avec les sommités de la recherche mondiale», indique le Directeur, attestant de la capacité de son équipe.
En faisant les tests, l’UCRC est «aveugle», précise Amadou Koné, responsable de l’Unité de biologie moléculaire, l’entité chargée du diagnostic après l’inactivation du virus. «Les échantillons sont numérotés et le diagnostic est fait sans que les chercheurs ne sachent à qui appartiennent les prélèvements». Selon Amadou Koné, un test peut-être négatif parce que le prélèvement peut ne pas être correctement effectué. «Mais, si le virus est présent dans le prélèvement, il ne peut pas nous échapper», assure le chercheur, en présentant sa machine PCR de dernière génération acquise à 34,6 millions FCFA. De toutes les façons, explique le chercheur: «les tests effectués au Mali sont homologués par l’OMS, à travers l’Institut Pasteur de Dakar qui est le centre de référence pour l’Afrique de l’Ouest».
«Quand on a eu les premiers résultats positifs tout le monde était ‘’soulagé’’». «On nous cachait la vérité», a-t-on entendu dire. «Douter du résultat des tests, c’est mal connaître le processus de validation», renchérit Dr Bassirou Diarra, responsable de l’unité de labo P3 à l’UCRC, le seul laboratoire au Mali capable de rendre le virus inoffensif avant toute opération de diagnostic.
Prendre part aux essais cliniques ?
Sur les essais cliniques, le Prof Syedou Doumbia estime que le Mali et l’Afrique ne doivent pas rester en marge. Les essais cliniques sont en cours à l’UCRC, indique le chercheur. Avec cette pandémie, les africains ont une chance de ne pas se voir prescrire les médicaments testés ailleurs. «Notre participation aux essais cliniques permet de contextualiser la prise ne charge des malades», a indiqué le Prof Seydou Doumbia.
Centre de référence contre le Covid 19
Créé en 2006, le laboratoire de niveau 3 de l’UCRC- Mali est une initiative conjointe du Ministère de la Santé du Mali, du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique du Mali, de l’Université des Sciences, Techniques et Technologies de Bamako (USTTB) et des Instituts nationaux de la santé (NIH) des États-Unis à travers l’Institut National des allergies et des maladies infectieuses (NIAID). Le but de cette collaboration, détaille le Prof Doumbia, est de promouvoir la recherche clinique et biomédicale au Mali et dans la sous-région, à travers l’appui en infrastructures et la formation des ressources humaines de qualité.
A l’arrivée de la pandémie de Coronavirus, l’UCRC, aux dires de son directeur, avait le savoir-faire acquis suite l’épidémie d’Ebola. Mais, à la suite d’une formation en janvier 2020, à Dakar, le personnel a été formé au diagnostic des échantillons de Covid 19. L’UCRC qui disposait, au début de la pandémie de 1 500 kits de test a été choisi par le ministère de la Santé comme Centre de référence contre le Covid 19 au Mali. Cependant, il existe au Mali, trois autres labos de niveau 2 capables de diagnostiquer le Covid 19. Il s’agit du laboratoire du Centre d’infectiologie Charles Mérieux (CICM), le laboratoire de Biologie Moléculaire Appliquée (LBMA) et le laboratoire de l’Institut National de Santé Publique (INSP).
Attention: La reprise de cet article, même partielle, sans l’autorisation écrite du JSTM est passible de poursuite judiciaire.
Mamadou TOGOLA | JSTM.ORG