Aliment bétail au Mali: La fane de Cassia Tora aussi efficace que le tourteau de coton et la fane d’arachide
Des chercheurs de l’Institut d’Economie Rural (IER) et de l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée de Katibougou (IPR/IFRA) ont mené une étude sur les «Effets de la fane de Cassia Tora sur les performances zootechniques des moutons djallonké en embouche». Les tests ont eu lieu au Laboratoire de Nutrition Animale du Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba.
Quatre facteurs ont motivé cette étude, selon Moussa Tangara, enseignant-chercheur à l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée de Katibougou (IPR/IFRA). Il s’agit notamment du mode d’alimentation de l’animal, son environnement, du potentiel génétique et de la santé animale en question. Le Cassia tora (nom scientifique) est une légumineuse annuelle dont les feuilles sont relativement riches en protéines. On le retrouve sur les terres incultes (terres non cultivées ou dont la culture a cessé) surtout en saison pluvieuse. En bambara, il est appelé Sourgouba tika.
Le bétail est le troisième produit exporté par le Mali après l’or et le coton. Malgré ce potentiel, des faiblesses et menaces pèsent sur le développement de ce sous-secteur. L’enseignant-chercheur Moussa Tangara explique qu’il s’agit, entre autres de sa forte vulnérabilité face aux aléas climatiques et de la faible performance des systèmes de production. L’utilisation de Cassia tora comme fane dans l’alimentation des animaux peut être, selon les chercheurs, une stratégie nutritionnelle d’amélioration des gains économiques lors de la finition des animaux d’embouche. L’étude a été conduite à la Station IER de Sotuba sur 15 moutons mâles de race Djallonké dont l’âge varie de 12 à 18 mois. Un mouton Djallonké (bali bali, en bambara) est un mouton qui résiste à plusieurs maladies qu’on rencontre au Mali, au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire …
Pour s’assurer de l’efficacité de la fane de Cassia Tora, les chercheurs maliens ont associé deux autres aliments bétail à leur recherche. A savoir, le tourteau de coton et la fane d’arachide. Trois rations ont été préparées. La ration témoin RT était constituée de 50% de tourteau de coton et 50% de fane d’arachide. Dans les 2 autres rations R1 et R2, la fane d’arachide a été substituée respectivement à 25% et à 50% par la fane de Cassia tora. Les animaux ont ensuite bénéficié d’un suivi zootechnique approprié.
Les résultats sont édifiants: les gains moyens quotidiens obtenus sont 86,0 ; 80,7 et 71,1 g/animal/j respectivement pour RT, R1 et R2. Les indices de conversion sont de 10,8 pour RT, 11,4 pour R1 et 12,3 pour R2. La quantité d’eau consommée par les animaux qui ont reçu la ration R2 (2,16 kg/animal/j) est supérieure (p<0,05%) à la quantité d’eau consommée par les animaux de la ration témoin RT.
En rendement carcasse, l’expérience a montré une moyenne de 46,49% pour la Ration R2, c’est-à-dire la ration qui comporte 50% de fane de Cassia tora. Tandis que ce rendement était de 43,59% pour la ration témoin (RT, avec coton et arachide) et 45,79% pour la ration R1 (Coton, arachide et cassia tora).
En conclusion, les chercheurs estiment que la fane de Cassia tora peut valablement substituée les tourteaux et les fanes d’arachide ou de niébé, plus chères et moins disponibles pendant la saison non pluvieuse. En plus de son accessibilité et de sa disponibilité à toutes les saisons, la fane de Cassia tora comporte une valeur nutritive non négligeable.
Légende photo: Plante cassia tora
Mariam Aldiou|JSTM.ORG