Science et Société

Agriculture : Financement de L’agriculture: quelles alternatives aux subventions

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En 2016 puis en 2017, le Mali a injecté 15,1% de son budget national dans l’agriculture. C’est plus que la part de 11% recommandée par la déclaration de Maputo. Pourtant, l’économie malienne ne se repose toujours pas sur l’agriculture. C’est au contraire, l’agriculture qui se repose sur l’économie nationale.

«La politique agricole du Mali vise à la fois la promotion de la modernisation de l’agriculture familiale et l’émergence d’un secteur agro-industriel compétitif », a souligné, en 2010, l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture (FAO) dans une étude sur le financement de l’Agriculture au Mali. L’objectif de cette politique agricole, poursuit l’étude est «de garantir la souveraineté alimentaire et de faire du secteur agricole le moteur de l’économie nationale en vue d’assurer le bien-être des populations». Plus de six ans après cette étude, le constat est le même: la sécurité alimentaire reste toujours un slogan politique. Néanmoins, les subventions agricoles sont de plus en plus importantes.

Le système actuel de financement de l’agriculture a montré ses limites. Du moins, c’est ce qu’affirme le Professeur en Economie Abdoulaye Niang. Pour l’enseignant-chercheur à l’Université américaine de la Défense, les paysans qui ont réellement besoin des subventions font face à un véritable dilemme: «d’abord, on leur dit que les intrants ne sont pas encore arrivés. Puis les intrants sont finis parce qu’ils sont en retard», indique le Prof Niang. Pourtant, assure-t-il, certains qui n’ont jamais eu de champ font enlever des tonnes d’intrants subventionnés par l’Etat. Pis, les intrants subventionnés sont frauduleusement vendus dans les magasins à Bamako, accuse l’enseignant.

Continuer à subventionner l’engrais c’est comme si au lieu de renforcer la capacité de pêche d’un pêcheur, on renforce sa capacité à consommer le poisson, affirme le prof Niang. Car, explique-t-il, le système actuel encourage l’utilisation à outrance de l’engrais par les agriculteurs pour un rendement moins important. Pour développer l’agriculture, le professeur Niang propose le modèle africain de l’agriculture familiale et d’aménagement du territoire.

Dans ce modèle agricole, la moyenne d’aire de production est de 4 hectares. Dans cet espace, il faut développer un programme de convergence technologique pour l’agriculture de substitution, pour la culture figée, pour la fertilisation et l’insémination. Le volet aménagement du territoire comporte la production des fruits et légumes et des céréales sèches. Mais dans son modèle, le chercheur apprécie plus le fait que 12 familles travaillent dans la chaîne de production. C’est-à-dire que 4 hectares suffiront là où, actuellement, il faut 48 hectares.

Pour financer son modèle agricole, le professeur Niang annonce des mesures et des programmes de stimulation pour atteindre la convergence technologique. En clair, Abdoulaye Niang préconise, d’une part, la notion de l’entreprenariat agricole pour un accès facile au crédit agricole. D’autre part, en contrepartie de ses impôts et taxes, il estime que l’Etat doit garantir à l’agriculteur le paiement de son matériel agricole, d’au moins 30%.

Dans son étude la FAO assure que le financement est une des clefs du développement de la production agricole. L’organisation des Nations Unies ne plaide pas pour l’arrêt des subventions agricoles. Mais elle fait des recommandations à l’Etat malien pour contrer les freins à la croissance des crédits à l’agriculture

Ainsi pour le développement des cinq filières agricoles (coton, riz, pommes de terre, mangues et échalotes) sur lesquelles elle a mené son étude, la FAO recommande une hausse du financement des investissements. Car, elle estime que le faible niveau de financement des investissements constitue un frein aux progrès des techniques agricoles et à l’amélioration des rendements et de la qualité. L’organisation conseille la révision du mécanisme du prêt agricole. Et pour cause, souligne-elle, les taux d’intérêts pratiqués sont plus élevés que le taux moyen de rentabilité interne de plupart des activités agricoles.

Mamadou TOGOLA

2 commentaires
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